Retrouver le goût et l'odorat après le Covid 19
En préambule, ce texte n’est pas un article scientifique mais simplement mon partage d’expérience.
La semaine dernière, j’ai été testée positive au Covid. Au bout de deux jours, j’avais perdu le goût et l'odorat : ce sont les fameuses agueusie et anosmie du coronavirus.
C’est extrêmement bizarre de se retrouver dans un monde aseptisé, qui ne sent plus rien et où les aliments n’ont plus aucune saveur. Ces deux sens sont au cœur de mon métier et j’ai fait part de ma détresse à mon entourage et sur les réseaux sociaux.
Plusieurs personnes ont eu la gentillesse de me partager des protocoles qu'ils avaient créé en tant que thérapeuthe ou testé en tant que patient. J’ai lu et questionné tout ce que l’on m’a envoyé et mis en œuvre ce qui me paraissait pertinent. Je vous en livre la synthèse ici.
Quand commencer à rééduquer son goût et son odorat ?
Tout de suite et sans se forcer. Tout de suite car dès votre premier repas, vous pouvez vous entraîner aux techniques que je vous décris ci-dessous. Mais sans se forcer, car vous allez être fatigué au début et ce n’est pas la peine de vous faire violence. Commencez à faire l’entraînement de l’odorat au bout de 5 ou 6 jours, quand vous retrouvez votre énergie.
Comment stimuler son goût et son odorat ?
Le plus simple, c’est de rééduquer le goût et l’odorat ensemble. L’idée, c’est de retrouver la sensation globale produite par un ingrédient. C’est la fameuse “madeleine de Proust” : le fait de croquer dans une madeleine évoque chez l’auteur tous les souvenirs précis liés à ce gâteau. Comme nous, nous n’avons plus de goût ni d’odeur, nous allons faire le contraire : convoquer des images mentales liées à cet ingrédient pour retrouver les sensations. Par exemple, il m’arrive de manger régulièrement de la banane au petit déjeuner. Je la regarde, je la sens, je la goûte : aucune sensation mais je convoque des images fortes comme le goût de la banane que je prends comme snack au bord d’une route du Kerala, dans le sud de l’Inde où je suis née. De même, en mangeant des poireaux vinaigrette, j’ai pensé à ces moments joyeux où je mangeais ce plat avec une de mes meilleures amies chez La Bourse et La Vie à Paris.
Chaque repas est donc l'occasion de le faire et de s'entraîner à chaque bouchée.
Comment entraîner son odorat ?
Dans mon quotidien, j’utilise beaucoup mon odorat, notamment pour composer des mélanges d’épices. Je voulais le retrouver au plus vite et au mieux.
Pour entraîner son odorat, s’obliger à sentir des odeurs fortes et connues est très efficace. Pour cela vous pouvez vous acheter ou vous constituer un petit loto des odeurs. Pour ma part, je l’ai fabriqué avec 8 parfums dans des flacons identiques et étiquetés : café, cannelle, curry, clou de girofle, vinaigre de vin, huiles essentielles de lavande, de géranium rosat et de citron. Pour les épices, je les ai broyées grossièrement dans un mortier avant de les déposer dans le flacon pour qu’elles aient le plus de parfum possible. Pour les huiles essentielles, il faut les diluer à raison de 20 gouttes dans 50 ml d’eau. Deux fois par jour, vous vous entraînez. Vous ouvrez un flacon, lisez son étiquette et le sentez pendant 15 secondes en vous concentrant sur tout ce que vous ressentez. Pour les ingrédients comestibles, vous pouvez les goûter aussi.
J’ai commencé par le café et la vanille pendant une journée avant d’ajouter deux nouveaux parfums par demi-journée.
Vous verrez au début, c’est très frustrant mais faites l’effort de vous rappeler de souvenirs forts liés à chaque ingrédient. Dans mon cas, j’ai pensé à l’odeur du dentiste en sentant la clou de girofle, au souvenir d’une amie qui m’a fait sentir son magnifique géranium rosat cet été ou au parfum que j’avais en tête lorsque j’ai composé le curry Madras pour Epices Roellinger.
Chaque jour, notez vos sensations sur un petit cahier pour avoir la satisfaction de voir le progrès. Vous allez voir que dans les premières heures, les flacons ne sentent désespérément rien ! Ensuite, au bout de 1 ou 2 jours, vous allez retrouver des notes, sans avoir l’ensemble de la palette aromatique. La première note que j’ai sentie, c’est le côté boisé du clou de girofle. Les odeurs vont vous paraître déformées : la vanille avait vaguement une odeur sucrée sans l’opulence habituelle, le curry se réduisait à de la coriandre et du curcuma, le vinaigre se résumait à l’acide acétique pur et ne pouvais pas garder mon nez dessus, le géranium rosat me donnait l’impression d’un hydrolat qui a tourné et le citron ne sentait que le ziste, la partie blanche et non le zeste.
Vous pouvez changer les ingrédients si vous le souhaitez mais j’ai lu plusieurs fois, sans comprendre pourquoi, que les odeurs mentholées n’étaient pas adaptées à l’exercice.
Y-at-il des choses à prendre ?
Le zinc favorise le maintien du goût et de l’odorat. Il faut en prendre en assez grande quantité, sous forme de bysglicinate ou de picolinate de zinc, à acheter en pharmacie. Le dosage qui a été efficace dans mon cas, est de 40 mg les trois premiers jours puis 15 mg par jour à poursuivre plusieurs semaines.
Voilà où j’en suis aujourd’hui ! Je ne manquerai pas de mettre à jour cet article avec mes prochaines expériences, jusqu'à ce que je retrouve le goût et le l’odorat !
Bien sûr, si vous avez des troubles persistants, il est recommandé de consulter un ORL.